Les travailleurs en recherche d’emploi ont intérêt à négocier

Il vaut la peine de négocier ses conditions de travail en entrevue, car le pire qui puisse arriver, c’est que l’employeur dise non.
Lorsque Nav Nagra a reçu une offre d’emploi en avril, elle était parfaitement préparée pour la prochaine étape: négocier avec son nouvel employeur des détails comme son salaire et ses journées de vacances.

«La première offre sur la table n’est pas toujours la meilleure», a observé la directrice de marketing et de communications de Vancouver, âgée de 33 ans.
Sa préparation était due en partie aux conseils de sa mère, qui travaille dans les ressources humaines et l’a toujours encouragée à se défendre et à demander ce qu’elle pensait mériter.
Pour améliorer ses chances de «frapper un coup de circuit», Mme Nagra a également eu recours aux services de Lisa Christie Coaching & Consulting, une firme de Vancouver qui l’a aidée à chaque étape, de la préparation de l’entrevue à la phase des négociations.

Alors que l’économie rouvre après ses confinements pandémiques et que les Canadiens retournent sur le marché du travail ou cherchent à changer de carrière, des experts estiment qu’une mise à jour au sujet de la négociation devrait se retrouver dans le haut de la liste des tâches des chercheurs d’emploi.
La négociation peut être une expérience stressante pour de nombreuses personnes, mais certains des jeunes Canadiens qui ont obtenu leur diplôme pendant ou après la crise financière de 2008 peuvent en plus avoir cette impression qu’ils devraient être «reconnaissants» pour ce qu’ils obtiennent, a observé Kathryn Meisner, une coach de carrière et de négociations salariales de Toronto.

«Plusieurs d’entre nous ont grandi avec un sentiment de rareté, et puis pour obtenir un emploi avec un salaire qui lui est rattaché, il y a presque cette idée que « je devrais juste prendre ça parce que je ne veux pas faire de vagues ».»

Il peut également être difficile pour les chercheurs d’emploi de négocier parce que la plupart des gens n’apprennent pas à le faire. Et, encore davantage, les conversations autour de l’argent et de la négociation salariale peuvent encore parfois être taboues, ce qui rend difficile le partage d’expériences avec des collègues ou des pairs.
Mme Nagra a raconté que son coach de carrière lui avait appris à comparer la description de poste à ce qu’elle apportait à la table sans avoir besoin de formation supplémentaire.
«Je pensais apporter environ 70% de ce que l’offre d’emploi demandait, alors j’ai décidé que je voulais être payée à 70% de l’échelle salariale, et je l’ai abordé de cette façon.» Son nouvel employeur a accepté la proposition.

Pas seulement une question de salaire
Mme Nagra a également réussi à obtenir quatre semaines de vacances, comme elle avait avec son ancien emploi, alors qu’on lui avait initialement proposé d’en avoir deux.
Lorsque Mme Meisner aide les clients à négocier, elle leur recommande de garder à l’esprit une fourchette de 10 000$.
«Puisqu’on peut supposer qu’un employeur va probablement négocier à la baisse, on veut que le bas de cette fourchette soit au niveau du salaire idéal, ou au-dessus de celui-ci. De cette façon, s’ils négocient à la baisse, il sera toujours possible de se rapprocher de ce qu’on veut. Tout le monde gagne.»

Par exemple, si on souhaite un salaire annuel de 65 000$, on peut proposer un salaire de 70 000$ à 80 000$ pour commencer.
Lorsqu’il s’agit de déterminer l’échelle salariale à viser, Mme Meisner recommande de prendre toute recherche effectuée sur Google avec un grain de sel.
«Ce qui est plus important, c’est de parler à d’autres humains, à des personnes qui sont au même niveau que soi ou des personnes qui ont plus d’expérience en négociation», dit-elle.
«Je veux que les gens demandent à leurs amis ou à leurs collègues, non pas combien ils gagnent, mais des questions comme « Quelle stratégie de négociation a bien fonctionné pour vous? Quelle est votre échelle salariale actuelle ou quelle autre rémunération non financière (…) avez−vous obtenue? »»

Demander plus de flexibilité
Alors que la plupart des gens pensent au salaire lorsqu’il s’agit de négocier, les chercheurs d’emploi peuvent également négocier plus de journées de vacances, des horaires flexibles, le lieu de travail, la date de début, la possibilité de voyager, ou non, pour le travail, une allocation de développement professionnel, des appareils mobiles ou le budget pour les acheter, et tout ce qui est important pour eux.

Il est également de plus en plus courant de négocier la possibilité de travailler à distance si cela ne fait pas déjà partie de l’offre d’emploi, a ajouté Mme Meisner.
Plusieurs personnes peuvent avoir peur de négocier parce qu’elles craignent que l’employeur rétracte son offre, mais le pire qui puisse arriver est que l’employeur dise «non». Dans ce cas, il est toujours possible d’accepter ce qui est proposé, ou d’aller ailleurs, vers un autre employeur qui peut répondre à cette demande, a-t-elle souligné.
Même pour les demandeurs d’emploi qui sont au début de leur carrière, la négociation reste une bonne expérience d’apprentissage et une occasion d’affûter ses compétences pour la prochaine fois.

«Il faut penser à son futur moi», a expliqué Mme Meisner. «Si on a 25 ans, ce qu’on négocie à 25 ans va influencer ce qu’on négocie à 27 ans, et ce qu’on négocie à 30, 40 et 50 ans, alors si on commence à négocier maintenant, non seulement ces compétences s’améliorent, mais on devient plus susceptible de gagner plus d’argent sur l’ensemble de sa carrière.»

Source La Presse Canadienne