7 Secondes pour façonner cette première impression !

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Jessica Drolet se souvient de l’uniforme porté lors de ses années d’études secondaires. «L’accent était mis sur la présentation», se remémore-t-elle. L’enseignement sur l’image projetée ne s’est pas arrêté là pour la conseillère en communication de Syrus Réputation.

«On se fait enseigner que les employeurs et collègues de travail se forgent une idée sur nous très rapidement, à cause de notre diction, de la confiance dégagée et de notre habillement, raconte Jessica Drolet. Et c’est assez difficile à défaire. Je rencontre beaucoup de gens. Je suis souvent appelée à représenter mon bureau. On est très sensibilisés à la première impression dans le milieu des communications.»

Pour le meilleur ou pour le pire, tout se jouerait dans les premières secondes quand on se présente pour la première fois à quelqu’un. Imaginez en sélection de candidats!

«Nous sommes dans la génération iPad et des réseaux sociaux, explique Roger T. Duguay, associé directeur de la firme de recrutement Boyden, à Montréal, et auteur du livre Démarquez-vous: comment maximiser votre impact. On passe rapidement à autre chose. On a moins le temps de s’asseoir, d’apprécier et de voir le vrai potentiel d’une personne. Inconsciemment, on juge très rapidement. La première impression joue ainsi un rôle important.»

À ce sujet, Roger T. Duguay cite François de Gaspé Beaubien, chef de la direction de Zoom Média, dans son livre: «J’ai rarement plus de cinq ou dix minutes quand je rencontre quelqu’un. Je n’ai pas le choix de me forger une opinion rapidement. Et cette opinion est parfois la seule information qu’il me reste de cette personne.»

Sept secondes

En fait, il ne faudrait que sept secondes pour façonner cette première impression, selon Linda Blair, psychologue clinicienne et chercheuse associée de la British Psychological Society. «Le contexte économique actuel nous impose de faire plus avec moins, pense Maryse Désilets, styliste et présidente d’En mode affaires, dont le site internet met de l’avant ces sept secondes. Il y a moins de budget et de temps pour sortir les clients à l’heure du lunch et apprendre à les connaître. Alors on juge le succès de l’employé ou de l’entreprise par ce que l’on voit.»

Outre la confiance apparente, chaque candidat a donc avantage à être soigné en entrevue.

«Car 71% des gens disent juger les autres avant même de savoir ce qu’ils ont à dire, selon un sondage Léger, rapporte Luc Nowlan, styliste et conférencier chez Les Effrontés. Et 73% disent être plus confiants dans des vêtements dans lesquels ils se sentent bien. C’est la base. La confiance vient notamment avec l’apparence. Il arrive qu’on se prépare beaucoup aux questions potentielles en entrevue et qu’on oublie de finaliser le look. Et ça importe jusqu’à nos ongles, car la poignée de main est la première chose qu’on donne!»

Cette importance accordée à une première impression peut-elle occulter ce qu’un candidat ou un futur employé a à offrir? «Oui, malheureusement, c’est dans la nature humaine de choisir quelque chose de mieux présenté, se désole Luc Nowlan. Mais la sélection d’un candidat n’est pas qu’un choix personnel. C’est l’image de l’entreprise.»

«La première impression est extrêmement difficile à combattre, puisqu’on a tendance à faire des hypothèses qui y sont liées, ajoute Luc Brunet, professeur titulaire, psychologie du travail et des organisations de l’Université de Montréal. Le meilleur remède est d’avoir des grilles d’évaluation structurées, validées avec des gens au fait des stéréotypes et des préjugés. On aura ainsi tendance à être plus objectif en entrevue. On est plus vigilant avec des instruments scientifiques qu’avec une feuille sur un coin de table!»

Source Isabelle Massé / La Presse