Six tendances qui changeront le marché du travail en 2023

Le marché de l’emploi et du travail vit de grands bouleversements depuis quelques années. Le 9 à 5 est délaissé, tout comme les bureaux standardisés, et les employés qui font carrière au sein d’une même organisation se font de plus en plus rares. Après le virage numérique, le télétravail et la pénurie de main-d’œuvre, de quoi sera fait le marché du travail en 2023?

Plus de flexibilité

La flexibilité est un mot à la mode. Il l’était déjà et le sera davantage cette année, si on se fie aux multiples publications sur le sujet.

Déjà, le 9 à 5 était relégué aux oubliettes. Or, en 2023, être flexible prend plusieurs formes. C’est non seulement de pouvoir adapter son emploi du temps et de varier son lieu de travail, mais aussi moduler les tâches au jour le jour.

Au cœur de cette métamorphose, le rôle du gestionnaire ou conseiller en ressources humaines est plus que jamais primordial, insiste l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés (CRHA).

«S’il y a un domaine qui s’est transformé ces dernières années, et qui se modifiera encore dans le futur, c’est bien la gestion des ressources humaines et c’est pourquoi les entreprises doivent être encore plus flexibles», soutient la directrice générale de l’Ordre, Manon Poirier, CRHA.

Contrer le désengagement

De nouveaux phénomènes font les manchettes : on parle de démission silencieuse (quiet quitting) et de fantomisation (ghosting). Dans le premier cas, les employés réduisent leurs efforts alors que dans l’autre, ils ne se présentent tout simplement pas au travail, sans avertir.

Ces situations sont directement liées au désengagement des employés envers leur organisation. Selon la firme Gallup, 18% de la main-d’œuvre serait actuellement désengagée, influençant les milieux de travail et les dynamiques d’équipes.

C’est pourquoi plusieurs observateurs croient qu’il faut, en 2023, renverser la tendance en renforçant le sentiment d’appartenance et en collant les valeurs de l’entreprise à celles de ses employés. En d’autres mots, il faut réengager les employés.

Pour l’Ordre des CRHA, il n’est plus question de rétention du personnel, mais bien de mobilisation. Une personne engagée et mobilisée est la clé du succès de toute entreprise. «Un bon gestionnaire doit savoir guider ses employés tout en leur faisant confiance, c’est le jeu du juste équilibre», de préciser Manon Poirier.

Le retour du travail d’équipe

Après deux années de visioconférence et de télétravail, le temps est venu de retrouver son équipe. Pour motiver le retour au bureau, bon nombre d’organisations réservent des journées spécifiques au travail d’équipe.

C’est prouvé : le travail d’équipe favorise les interactions, met en valeur les forces de chacun et, en bout de ligne, offre un meilleur rendement collectif.

«Les employés ne veulent pas retourner au bureau pour faire les mêmes tâches qu’en télétravail. Il faut qu’il y ait une motivation pour faire la route ; un avantage autant pour l’employeur que pour l’employé», dit le consultant en ressources humaines Daniel Lafrenière.

Le travail d’équipe répond aussi au besoin de socialiser qui s’est accentué dans les dernières années. Même les discussions anodines ont un effet bénéfique : elles contribuent à la dynamique de l’entreprise et à la bonne humeur générale.

Le salaire au cœur des négos

Avec l’inflation et le coût du panier d’épicerie, le salaire devient le cheval de bataille. Pendant plusieurs années, les gestionnaires ont affirmé que les conditions de travail préconisaient. Or, avec la hausse du coût de la vie, il semble que ce soit désormais le salaire. C’est d’ailleurs ce qui prime pour recruter de nouveaux employés. Une récente étude menée par Robert Half, un cabinet de solutions en gestion des talents, révèle que 31 % des répondants envisagent de changer d’emploi. Pourquoi? C’est la perspective d’une augmentation de salaire qui séduit 58 % des répondants.

Le phénomène cible tous les salariés : des travailleurs étudiants jusqu’aux gestionnaires. Parler salaire n’est pas tabou.

Prendre soin des employés

Si l’offre d’un salaire plus élevé représente pour plusieurs une solution de choix pour retenir un employé crucial, bon nombre de dirigeants pensent que la rétention repose sur une meilleure relation avec l’employé. Et avec raison.

Plus que jamais, le feed-back est l’expression à la mode.

« L’employé, c’est la base de l’entreprise. Il est important de prendre soin de ses employés pour que, à leur tour, ils prennent soin des clients »

 Daniel Lafrenière, consultant et auteur du livre De kessé l’expérience employé?.

Il importe de prendre le temps de clarifier les attentes envers chacun des employés et de bien définir les objectifs dans leur globalité. Être à l’écoute de leurs besoins, de leur mieux-être et les impliquer dans les décisions sont quelques-unes des astuces qui permettront de relever le défi de la pénurie de main-d’œuvre, croit l’Ordre des CRHA.

«Le bonheur au travail est une variable qui change d’une personne à l’autre et d’une entreprise à l’autre. Il faut mieux communiquer», renchérit M. Lafrenière.

Valoriser les gestionnaires

Ces dernières années, les gestionnaires ont beaucoup travaillé. Trop travaillé, juge Annie Boilard, CRHA et présidente de Réseau Annie RH. «Les charges de travail sont démesurées.» Ils cumulent de longues heures afin de répondre aux attentes élevées des organisations et en prennent plus sur leurs épaules. «Avec le taux de roulement élevé, ils sont constamment en formation et en recrutement ; ils comblent aussi les postes non-occupés et remplacent les absents au pied levé», énumère-t-elle.

Pour 2023, la conseillère RH souhaite que le travail des gestionnaires soit mieux valorisé et qu’ils puissent souffler un peu.

 

Source ANNIE LAFRANCE / Le Soleil