Embaucher la génération Z, mode d’emploi

 

Gare à ceux qui présument du « style de travail préféré de la génération Z », mettent en garde les auteurs de l’étude menée par Angus Reid

Non au télétravail, oui à la transparence et à l’équilibre de vie comme condition sine qua non : les jeunes de la génération Z possèdent des attentes bien précises par rapport au marché du travail. Alors que ces jeunes nés après 1997 entrent tranquillement dans le bassin des forces productives du Québec, une enquête publiée cette semaine met en lumière le mode d’emploi pour les séduire et les retenir en entreprise.

 

Gare à ceux qui présument du « style de travail préféré de la génération Z », mettent en garde les auteurs de l’étude menée par Angus Reid, pour le compte d’Indeed Canada et consultée par le Devoir. Le télétravail forcé durant la pandémie qui caractérise leurs premières années d’emploi n’est pas une habitude souhaitable pour l’écrasante majorité d’entre eux. Seuls 21 % des répondants de la génération Z trouvent que « le travail dans un bureau est dépassé ». « Dans la mesure du possible, offrez à votre personnel une certaine flexibilité en matière de lieu de travail », conseillent les responsables de l’enquête.

 

L’équilibre entre le travail et la vie personnelle trône au sommet de leurs exigences. Ils sont 76 % au Québec à affirmer qu’il s’agit « un élément primordial quant à la fidélité envers une organisation ». La moitié des répondants (51 %) sont même prêts à faire « un compromis sur un salaire plus avantageux pour avoir un meilleur équilibre » de vie.

Avant de s’attacher à un employeur, les jeunes Québécois et Canadiens veulent s’assurer aussi que celui-ci est honnête dans ses communications, souligne Stepan Arman, directeur principal des ventes Québec chez Indeed.

« Plus que toute autre génération, [la génération Z] réclame plus de transparence, pas juste sur le plan salarial, mais sur le plan de la culture d’entreprise. Les employés qui voient une discordance entre le message projeté à l’extérieur de l’entreprise et le message projeté à l’intérieur vont se questionner sur les valeurs de la compagnie. »

« La transparence » s’impose incontestablement comme une valeur importante pour attirer et retenir les candidats issus de cette génération, à la lumière de cette enquête. Ne pas divulguer le salaire offert a été pointé comme le principal signal d’alarme dans les offres d’emploi (37 %).

Quelque 68 % des offres d’employés recensées en 2022 par Indeed au Québec affichaient les conditions salariales liées à l’emploi affiché.

Autres temps, autres moeurs

Les jeunes ont aujourd’hui l’embarras du choix pour opter pour un employeur. Leur taux de chômage oscille sous la barre des 10 % depuis le début de l’année, un taux très faible comparativement aux précédentes générations. En 2007, il se chiffrait à 11,2 %, tandis qu’en 1993, ce taux grimpait à 17,2 %. Le marché de l’emploi pour la jeunesse était encore plus difficile au début des années 1980, où le taux de chômage des jeunes frôlait les 20 %.

L’entrevue d’embauche est donc désormais autant l’occasion pour l’employé que pour l’employeur de se faire valoir. Plus des trois quarts (77 %) des membres de la génération Z pensent que le processus d’entretien est tout aussi important pour le candidat que pour l’entreprise.

Autre changement : les horaires. Ils sont 46 % à considérer « le 9 à 5 » comme « dépassé ».

Ceci dit, la génération Z ne pèse pas si lourd dans le marché du travail par rapport à ses aînés. En 1971, les jeunes de 15 à 24 ans représentaient 19 % de la population totale du pays, alors que leur proportion était de 13 % en 2011 et pourrait diminuer à 11 % en 2031, selon un scénario de projections démographiques de Statistique Canada.

Les plus jeunes forment aussi la cohorte la moins heureuse au travail, selon une autre étude publiée récemment par ADP Canada. L’« indice de bonheur au travail », qui mesure le degré de satisfaction par rapport à son emploi, était le mois dernier de 6,4/10 pour les 18-24 ans, contre 6,6/10 pour la moyenne nationale. Les baby-boomers (56-75 ans) affichent quant à eux l’indice de bonheur le plus élevé d’entre tous, soit de 7,3/10.

Les résultats de l’enquête d’Angus Reid se basent sur mille participants canadiens, dont 250 Québécois, de 18 à 24 ans. Des quotas ont été utilisés pour garantir une bonne répartition par genre, région, emploi et préférences linguistiques.

 

 

Source /Article de Jean-Louis Bordeleau/ Le Devoir